Histoire du parfum

Parfums subtils, fragrances légères, senteurs sublimes.



L'usage des parfums est originaire de l'Inde et de la Perse, riches en aromates, et était beaucoup plus répandu chez toutes les nations dans l'Antiquité qu'il ne l'est aujourd'hui chez nous. La parfumerie était pour eux une branche d’industrie très importante. Plusieurs huiles essentielles étaient déjà connues à l'état pur (comme le citron, le laurier, la térébenthine) ; mais leurs compositions cosmétiques et parfumées étaient des solutions d'essences dans des huiles grasses obtenues par macération de substances aromatiques: myrrhe, cannelle, cardamome, calamus, safran, rose, narcisse, lis, mélilot, marjolaine, iris, styrax, dans les huiles d'olive, de sésame et de benjoin. Ces huiles parfumées étaient généralement colorées de cinabre et d’alcanne. Ils étaient protégés du contact de l’air et de la chaleur. Plusieurs villes avaient une grande réputation pour l'excellence des produits de ce genre qu'elles fabriquaient, telles que Mendès en Egypte, Tyr en Phénicie, Soli en Cilicie, Corinthe, Rhodes, Cos, Chypre en Grèce, Naples, Capoue, Préneste (Palestrina) en Italie.

Boite à poudre de toilette


En Egypte, les aromates ont d'abord été utilisés dans les rites religieux ; les prêtres d'Héliopolis offraient chaque jour à leur dieu trois sortes de parfums préparés dans les temples : de la résine, de la myrrhe et un composé appelé kuphi. Du culte des dieux, l'usage des parfums passa à celui des morts, dont les corps étaient embaumés : les cadavres, complètement éventrés, étaient remplis de myrrhe, de cannelle et d'autres parfums, puis plongés pendant soixante-dix jours dans un bain de natron pour détruire complètement tout germe de corruption. Cela coûtait la modique somme de 1 talent (5000 francs) ; pour le peuple, le sel et le natron remplaçaient les parfums et les aromates.

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Les parfums dans le quotidien des sociétés



Très vite, les parfums font partie des habitudes de la vie quotidienne ; ils étaient utilisés pour les toilettes des femmes, le luxe et le plaisir des festivités. Les salles de banquet étaient parsemées de fleurs ; des tresses parfumées ornaient les murs et se tordaient au-dessus des coupes ; sur les tables, de douces résines brûlaient dans de riches brûle-encens comme on le voit aujourd'hui chez de nombreux peuples orientaux.
Le vase que nous représentons, en émail cloisonné, de forme élégante, est charmant avec des couleurs et une harmonie rarement trouvées dans les productions chinoises modernes, où le grotesque semble plutôt recherché. Les ornements sont entourés d'un fil d'or ; leur champ est vert cobalt, rouge sang, bleu outremer, lilas doux et noir. Le fond est d'un bleu légèrement pâle. Il appartient à la collection de M. Gon de La Rochelle.
En entrant, les invités recevaient des vagues d'essence pour leurs perruques de la part des esclaves affectés à cette tâche (presque tous étaient rasés) ; puis une guirlande de lotus mêlée de crocus et de safran était placée autour de leur cou.
Les Hébreux ont apporté d'Égypte l'usage des parfums, notamment le nard, l'encens, la myrrhe, safran, canne aromatique et aloès. L'aloès de la Bible est un arbuste abondant dans tout l'Orient, et son bois très aromatique est l'ingrédient principal des bâtons parfumés brûlés dans les temples par les Chinois et les Indiens.
Les rois asiatiques faisaient un grand usage des parfums. Babylone a longtemps été le principal entrepôt d’aromates du monde entier.
Elle recevait des épices de l'Inde et du golfe Persique, des gommes odorantes d'Arabie et des baumes précieux de Judée.
Les parfums étaient bien connus à l’époque d’Homère. Hésiode les recommanda pour le culte divin. En Grèce, la parfumerie jouait un rôle important dans la médecine ; les parfumeries étaient des lieux de rencontre, un peu comme le sont aujourd’hui les cafés.

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La parfumerie à l'époque romaine et dans l'Europe moderne.



Les Romains, héritiers des richesses du monde grec et asiatique, ont également hérité de ses habitudes efféminées. Sous les empereurs romains, l'amour des parfums fut poussé si loin qu'il pénétra même dans les camps militaires, comme les aigles de la légion se parfumaient les jours de fête. Lors des représentations théâtrales, des tuyaux étroits, ingénieusement disposés, libéraient une douce brume parfumée au safran qui s'élevait à une hauteur considérable et tombait sur les spectateurs. En Gaule, peu appréciée dans les produits balsamiques, les druides parfumaient leurs autels avec quelques onagracées, résineuses les bois, ou des baies de genièvre.
Dans l’Europe moderne, les parfums étaient initialement, comme dans l’Antiquité, utilisés exclusivement pour le culte. Les croisés furent les premiers à introduire leur usage dans la vie domestique.
C'est Catherine de Médicis qui popularisa l'usage des parfums en France, principalement d'origine italienne, même s'il existait déjà quelques parfumeurs français, et à la Renaissance, cela prit une importance considérable. C'est à cette époque que furent publiés les ouvrages de Saigini, Guet, Dettuzy, Isabella Corteze et Marinollo sur la cosmétique, traitant tous de cet art d'une manière remarquable.
Négligés sous Henri IV qui s'en souciait peu, les parfums retrouvèrent leur popularité sous le règne efféminé de Louis XIII. Cependant, Louis XIV les interdit.
Sous le règne de Louis XV, la mode du parfum devient une véritable épidémie ; Versailles acquit le nom de la cour parfumée. La parfumerie, balayée à la Révolution, réapparaît sous le Directoire et retrouve toute son importance grâce à Joséphine de Beauharnais.

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