L'origine des odeurs et des parfums dans l'histoire

Les odeurs de l'histoire

La transformation du regard sur le corps se dessinait à partir du milieu du XVIIe siècle, avec le retour de l'eau et du savon dans les soins de propreté, a-t-on constaté. Elle s'accentue alors, à un rythme inconnu, qui attend son historien. Elle triompha dans les années 17. La date n’indique en aucun cas le début soudain d’une nouvelle révolution des odeurs. Au contraire, elle marque le moment où cette dernière s'impose définitivement, au terme d'une lente maturation silencieuse.

La mutation repose essentiellement sur le rejet des fragrances d'origine animale, aux exhalaisons très fortes, dont l'omniprésence, jusqu'au bout des doigts gantés, invitait auparavant à un érotisme torride. En 1693, le parfumeur Barbe leur accorde encore une place éminente dans son traité. S'installe alors peu à peu un véritable dégoût pour ces produits exotiques très chers, souvent imités par les contrefacteurs, dont la forte odeur avait fini par incommoder. On le comprend mieux en se rappelant qu'elles véhiculaient des émanations plus ou moins proches de celles de l'humain : mort en 1541, le médecin et astrologue suisse Paracelse n'a-t-il pas proposé un secret pour transformer cette dernière en « civette ou musc occidental ».



Publié en 1764, année de la disparition de Madame de Pompadour, le Traité des odeurs d'Antoine Hornot, dit Dejean, permet d'éclaircir les choses. L'auteur souligne le décheance d'ambre et de musc, bien qu'ils soient toujours bons, ils sont toujours considérés comme l'origine des parfums dans la profession


Après les odeurs fortes comme l'ambre et le musc, la civette...

Pour tenter de redonner un peu d'éclat à cette formule « presque oubliée », tout comme sa variante, l'eau de Chypre, dont les amateurs sont devenus rares, le parfumeur conseille de prendre de la racine d'iris, du storax, du bois de rose, de la fleur de benjoin, de la citrine, du santal, du Calamus aromatique (odorant). jone). Ensuite, "pour se conformer au goût d'aujourd'hui, il faut retirer complètement le musc, et mettre seulement quelques gouttes de quintessence d'ambre, pour mieux faire ressortir les autres odeurs", celles de rose et d'eau de fleur d'oranger, ajoutées avant distillation. D'ailleurs, il admet qu'Ambre est "dans une sorte d'oubli", mais a toujours ses partisans.


Utiliser de la civette ou du musc l'empêcherait de revenir à la mode, alors que « très peu d'ambre fait admirablement bien ressortir les mélanges ». Quant à la civette, elle était encore utilisée « il y a une quarantaine d'années, mais depuis, cette odeur a perdu tout son éclat ». crédit, notamment en France ». La célèbre eau de mille-fleurs, que "les anciens" fabriquaient avec de la bouse de vache, fut ensuite composée avec muse, ambre et civette. Lui-même propose de n'utiliser que des fleurs, plus soixante gouttes de quintessence ambrée, pour réaliser 8 pintes, Depuis longtemps, assure-t-il, nous n'avons eu que des eaux de fleur d'oranger et de rose, Ajoutez maintenant celles d'épices, pour la cuisine, aussi

Que celles des fruits à écorce, largement utilisées par les parfumeurs dans leurs pâtes liquides, par les fabricants d'alcool, par les dames dans les bains propres, ou encore pour en mettre une ou deux gouttes en se frottant les mains.

 

La révolution des odeurs


La révolution des odeurs est une évidence. Dejean proclamait déjà en 1764 que le métier est devenu un art, car il désigne fréquemment ses confrères comme artistes et destine ses conseils les plus simples aux « amateurs ». Son esprit curieux lui fait tirer des détails « anciens » des œuvres de Nicolas Lemery ou encore Nicolas de Blégny, qui lui permet de définir les originalités de son époque, à travers une vision historique remontant aux années 1680.

Il semble que l'on puisse le suivre avec confiance lorsqu'il souligne la désaffection pour la civette depuis les années 1720, la perte d'intérêt pour la muse et la nécessité d'utiliser l'ambre avec parcimonie, comme note de fond, dirait-on de nos jours.

de la civilisation des odeurs R Muchembled les belles lettres 2017